La politique est dans la pratique le lieu de la division, de l’accusation, de la domination, de la fin qui justifie les moyens. C’est ainsi que le mot « politique » prend la connotation de mensonge, de ruse ou de tromperie chez le commun des Africains. La politique est du pouvoir du diable! Dire que le pouvoir politique est diabolique, c’est dire qu’il est une « puissance spirituelle » qui influence tout individu plus que ce que nous voulons l’avouer. Notre rapport au pouvoir politique n’est pas transparent, nous sommes travaillés de l’intérieur par un rapport contradictoire avec le pouvoir politique et son désir de domination.
Le pouvoir politique a une logique qui conduit à perdre ce pour quoi il est fait (le service du bien) pour ne chercher qu’à augmenter ses prérogatives de puissance de domination. Il nous suffit de regarder l’actualité politique des pays africains donc le notre, pour voir plusieurs exemples d’hommes qui s’accrochent au pouvoir pour conserver des prérogatives et des droits indument acquis, et non pour être au service de la communauté.
En effet, la politique est une œuvre collective, permanente, une grande aventure humaine. Elle a des dimensions sans cesse nouvelles et élargies. Elle concerne à la fois la vie quotidienne et le destin de l’humanité à tous les niveaux. L’image qu’elle a dans notre société gabonaise a besoin d’être revalorisée. Elle est une activité noble et difficile. Les hommes et les femmes qui s’y engagent, ainsi que tous ceux et celles qui veulent contribuer au vivre ensemble, méritent notre encouragement. Ainsi, la politique a une finalité.
Nous affirmons que la politique est essentielle. Une société qui la mésestime se met en péril. Il est urgent de la réhabiliter et de repenser en tous domaines (éducation, famille, économie, écologie, culture, santé, protection sociale, justice…) un rapport actif et valorisant entre la politique et la vie quotidienne des citoyens dans notre pays. La politique a en effet, comme ambition de réaliser le vivre ensemble de personnes et de groupes qui, sans elle, resteraient étrangers les uns des autres. L’action politique a un fantastique enjeu : tendre vers une société dans laquelle chaque être humain reconnaitrait en n’importe quel autre être humain son frère et le traiterait comme tel.
L’organisation politique existe par et pour le bien commun, lequel est plus que la somme des intérêts particuliers, individuels ou collectifs, souvent contradictoires entre eux. Elle comprend l’ensemble des conditions de vie sociale qui permettent aux hommes, aux familles et aux groupements de s’accomplir plus complètement et plus facilement. Aussi doit-elle être l’objet d’une recherche inlassable de ce qui sert au plus grand nombre, de ce qui permet d’améliorer la condition des plus démunis et des plus faibles. Elle se doit de prendre en compte non seulement l’intérêt des générations actuelles, mais également, dans la perspective d’un développement durable, celui des générations futures.
Par ailleurs, la violence est au cœur de la condition humaine. L’un des buts de la politique est de la maitriser partout où elle est présente : délinquance, criminalité, injustice flagrante, conflit d’intérêt, guerre renaissante, menace pour la paix intérieure ou extérieure. Afin de sortir de l’animalité de la violence brute, la politique réserve à l’Etat le monopole de la contrainte physique légitime et contrôlée. Elle cherche à substituer à cette violence individuelle le droit et la parole. Elle met en place des institutions et des procédures de médiation qui préservent l’homme lui-même de ses propres dérives, en particulier en cherchant un juste équilibre entre pouvoir judiciaire et pouvoir politique, pour assurer la liberté de chaque citoyen.
Ainsi pourront vivre ensemble et se reconnaitre comme êtres égaux et différents, dans la sécurité assurée, des citoyens et des citoyennes que distinguent, et souvent opposent, le sexe, l’age, la classe sociale, l’origine, la culture, les croyances. La politique est en quelque sorte englobant majeur des différents secteurs de la vie en société : économie, vie de famille, culture, environnement. Elle est en tout, mais n’est pas tout. On tomberait vite dans le totalitarisme si l’Etat prétendait assumer la charge directe de l’ensemble des activités quotidiennes. Le mobile de l’action politique se nourrit d’une posture de compréhension. La politique devient alors une culture. De la culture, un savoir, changer le cours des choses sans que personne ait été humilié. C’est en cela, que la politique mérite d’etre valoriser.
SKB


