Un Document Stratégique, gage de lutte contre la corruption ?

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En Mars 2014, sous l’égide du PNUD, de l’ANIF et de la CNLCEI, les représentants de la société civile libre, spécialisés dans la lutte contre la corruption qui ont participé à tout le processus, partant du diagnostic du phénomène de corruption à l’élaboration du Document Stratégique ont été démocratiquement élus par leurs pairs au sein des comités de pilotage (COPIL) et de Coordination (COMCOR). Le conseiller technique principal n’a été enfin recruté qu’en Février 2015.

Les plus hautes autorités de la République n’ont toujours pas désigné le Président du Comité de pilotage et les autres membres représentant les départements ministériels au sein de cette instance, paralysant ainsi la dynamique amorcée dans l’opérationnalisation effective de la présente stratégie. Jusqu’à présent, ces organes ne sont toujours pas mis en place et le Secrétariat exécutif basé au PNUD demeure à ce jour incomplet.

Au vu de ce qui précède, on peut se poser la question de savoir si c’est là, la preuve d’une réelle volonté politique d’éradiquer cette gangrène de l’environnement politique, économique et social de notre pays ?

Qu’à cela ne tienne, l’exécution de la Stratégie requière autant l’expertise nationale qu’internationale. L’Etat, seul bailleur de fonds en assure le financement dont le programme de travail annuel (PTA) a déjà bénéficié de 300 millions de francs CFA en 2013, de 500 millions en 2014, sans compter les 500 millions prévus en 2015, soit au total 1.300.000.000 de francs CFA pour l’ensemble du programme, ce qui est la preuve d’un effort considérable pour le contribuable gabonais.

Aussi, l’exécution de ce PTA exige l’implication à part entière des trois partenaires que sont les organes étatiques (CNLCEI et ANIF), le PNUD (organisme technique) et la société civile (acteur majeur sur le terrain).

Toutefois, le montant des déperditions de nos finances publiques se chiffrent entre 400 milliards et 500 milliards de francs CFA par an. Au regard du sombre tableau économique et social actuel du pays, caractérisé par la paupérisation exponentielle de l’Etat et de ses populations, cette Stratégie incarne pour la société civile libre, un espoir qui pourraient sauver notre pays d’un naufrage.

Aujourd’hui, le Gabon est en quasi cessation de paiement au regard des difficultés énormes qu’il éprouve à honorer ses engagements même les plus anodins, et ce malgré d’importantes recettes engrangées depuis 2008, qui se chiffreraient à près de 15000 milliards de francs CFA.

La récente baisse du prix du baril du pétrole en Décembre 2014 en dessous de 50 dollars US ne saurait à elle seule, justifier la crise financière sans précédent qui frappe actuellement notre pays. Il appartient désormais au Gouvernement, de s’engager véritablement, dans la coalition internationale de lutte anti-corruption pour espérer bénéficier, de nouveau, d’une éventuelle crédibilité auprès des bailleurs de fonds internationaux.

Car en l’absence d’un tel engagement, aucun investisseur sérieux ne viendra s’installer dans un pays classé 94ème dans le rang des pays les plus corrompus au monde selon Transparency International. L’absence de sécurisation des investissements et d’une véritable politique de lutte contre la criminalité financière nous proscrit dorénavant des institutions économiques et financières mondiales.

Ainsi, le rôle de la société civile libre du Gabon est d’être le baromètre auprès de la communauté financière internationale. De ce fait, pour que le pays sorte du gouffre financier actuel, il serait judicieux que soit mis en place, une véritable lutte tous azimuts contre la corruption à laquelle l’Etat (à travers les organes de prévention et de répression judiciaire), le PNUD et une véritable société civile libre participeront, avec la ferme volonté d’éradiquer cette gangrène. Cela, dans la mesure où la bonne gouvernance apparait encore come un réel défi de l’heure dans notre pays.

SKB

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