
« L’histoire est le récit de ce qui s’est passé autrefois. » Plusieurs générations d’élèves gabonais gardent, dans les tréfonds de leur mémoire, cette phrase contenue dans le livre d’histoire au programme dans les écoles primaires du pays. Son auteur, Frédéric Meyo Bibang, s’en est allé. Il a tiré sa révérence samedi, 21 Novembre 2015 dernier, à l’âge de 83 ans.
Frédéric Meyo Bibang était une véritable bibliothèque. Témoin de l’histoire, il a vu plusieurs générations d’hommes politiques se relayer dans la sphère décisionnelle de l’Etat. Malgré sa proximité avec l’ancien Premier ministre sous le parti unique, Léon Mébiame, il était resté un homme très discret et humble.
Soucieux de participer à l’expansion de l’histoire du Gabon, il a longtemps travaillé avec le ministère de l’Education nationale et l’Unesco pour la conception d’un manuel de référence, qui l’a fait connaître à travers tout le pays et au-delà de nos frontières.
Après sa retraite, il a quitté sa maison d’Atong-Abè, à Libreville, pour aller s’installer à Nkoltang, à 30 km de la capitale. Il a eu neuf gosses avec son ex-épouse Delphine, plus connue sous son nom d’artiste de « Maman Dédé. » C’est ce chiffre 9 qui avait inspiré l’artiste dans son titre « Les 9 provinces. »
Frédéric Meyo Bibang était l’archétype de patriarches qui encadraient les nouvelles générations. Si un homme forçait le respect et l’admiration, c’était bien lui. Le Gabon a donc perdu un digne flamboyant. Il avait soulevé le pays par son altruisme qui lui venait de son enfance car, il n’avait pas perdu ses racines profondes.
Depuis plusieurs années, il menait une terrible lutte contre une tumeur de cerveau. Désireux de prolonger son séjour sur terre, il s’est rendu en Tunisie en juin dernier, en compagnie de son épouse, dans le but de chercher son salut. Les médecins qui font la réputation des hôpitaux de son pays n’ont pas consenti à l’opérer en raison son âge avancé.
Le vieux Frédéric Meyo était revenu désespéré au bercail. Il vivait maintenant cloîtré chez lui, et pourtant il n’avait jamais quitté les pensées des apprenants gabonais, à travers son livre d’histoire. De bien de façons et malgré son absence sur la scène publique, les Gabonais savaient qu’ils avaient un historien à la coule. Après les hommages des parents et amis, le corps du patriarche sera ramené à Nkoltang pour y être inhumé dans la stricte intimité familiale. Frédéric Meyo Bibang ira reposer définitivement sur la terre de ses aïeux, comme les lamantins des mythologies africaines retournent toujours boire à la source.
NL

