« Libre Propos/Affaires des places au marché de Lambaréné : Le Gabon envoie un double message aux étrangers vivant sur son territoire » par Petit-Lambert Ovono

Le débat autour de l’attribution des places au marché de Lambaréné ne saurait être réduit à une querelle de voisinage ou à une simple tension locale. Il met en lumière une problématique beaucoup plus vaste : celle de l’immigration clandestine, du respect du droit du travail et de la souveraineté nationale face à des pratiques longtemps tolérées. Le Gabon rappelle ainsi qu’il restera une terre d’accueil, mais à une condition intangible : le respect des lois et des règlements qui garantissent l’équilibre social.

L’entrée clandestine sur un territoire étranger sans visa ni titre de séjour valide n’est pas un détail administratif, mais une transgression grave qui témoigne d’un manque de respect pour la nation d’accueil et pour sa population. Le Gabon, longtemps permissif sous l’ancien régime, a vu se développer une véritable « légion étrangère », alimentée par une politique aberrante de vente des cartes de séjour.

Ce système a encouragé l’arrivée massive de ressortissants venus de divers pays d’Afrique de l’Ouest — Bénin, Togo, Ghana, Nigeria, Burkina Faso — dont beaucoup ne pouvaient satisfaire aux conditions légales d’entrée ou de séjour.

Cette situation, tolérée pendant des décennies, a transformé une hospitalité naturelle en vulnérabilité organisée. Un proverbe africain le rappelle avec justesse : « Un morceau de bois séjournant dans l’eau ne devient jamais poisson. » La résidence prolongée dans un pays ne saurait, en elle-même, transformer une installation clandestine en droit acquis. La roue a tourné le 30 août 2023 avec la libération du pays et le lancement de la 5e République. Désormais, les règles sont appelées à être appliquées dans toute leur rigueur, non par hostilité, mais pour préserver l’équité et l’équilibre national.

Le nouveau cadre proposé repose sur deux piliers. D’abord, une régularisation provisoire de deux ans pour les étrangers déjà présents, leur donnant une chance de se mettre en conformité. Six mois avant la fin de ce délai, chaque bénéficiaire devra déposer un billet de retour, la carte de séjour étant non renouvelable. Ensuite, une exigence ferme de respect du Code du travail gabonais : priorité à l’emploi national, quotas stricts pour la main-d’œuvre étrangère, et interdiction du travail informel qui prive à la fois l’État de ressources et les travailleurs de droits fondamentaux.

La problématique de Lambaréné illustre bien cette réalité : les tensions sur les places du marché ne sont pas une simple querelle de femmes commerçantes. Elles traduisent l’accumulation d’injustices liées à l’immigration clandestine, à l’économie parallèle et à la concurrence déloyale. Ce qui peut sembler un banal conflit de voisinage devient, en vérité, un révélateur national.

Le gouvernement a choisi de commencer par des mesures d’apaisement, mais l’opinion publique gabonaise attend des décisions plus fermes, alignées sur les conclusions du Dialogue national inclusif. La jeunesse, confrontée à un chômage massif, réclame un assainissement du marché du travail et une stricte application de la loi. Car accueillir oui, mais jamais au détriment de la dignité des Gabonais.

La vérité révélée à Lambaréné est celle de tout le Gabon : une hospitalité qui demeure, mais qui ne saurait se transformer en abandon de souveraineté. Un pays ne se construit pas dans la tolérance des passe-droits, mais dans l’application rigoureuse de ses lois, pour que la justice soit faite à chacun — citoyen ou étranger.

« Quand il n’y a pas de loi dans la maison, chacun devient son propre chef. » Proverbe africain

Par PETIT-LAMBERT OVONO EVALUATEUR CERTIFIÉ DES POLITIQUES PUBLIQUES

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