« Lambaréné ou Booué : Le Gabon prêt à redessiner sa capitale – Un nouveau départ national à portée de main ? » Par Georges Adiahenot

Libreville – Pendant des décennies, son nom a résonné comme le cœur battant du Gabon indépendant. Libreville, la ville de la liberté, aujourd’hui, se débat avec les défis d’une croissance urbaine tentaculaire. Et si l’heure était venue d’une audace historique, d’une décision capable de redessiner la carte du pays et de propulser le Gabon vers un avenir plus équilibré ?

La question mérite d’être posée avec force : un transfert de capitale n’est-il pas la clé d’un nouvel élan national ?

L’histoire des nations est parsemée de ces moments de rupture, de ces décisions visionnaires qui ont transformé des pays. Le Brésil a osé Brasilia, une cité futuriste née de la volonté de conquérir l’intérieur de son territoire. L’Égypte se lance dans un pari similaire avec sa nouvelle capitale administrative, une réponse audacieuse à la congestion du Caire. L’Afrique du Sud, avec son modèle tricéphale unique – Prétoria l’administrative, Le Cap la législative, Bloemfontein la judiciaire – prouve qu’une dispersion stratégique du pouvoir peut être synonyme de meilleure gouvernance et d’harmonie régionale.

Aujourd’hui, le Gabon se trouve à un carrefour. L’annonce du projet « Libreville 2 », avec son investissement colossal de 1,4 milliard de dollars, suscite l’espoir d’une modernisation. Mais cette extension de la capitale actuelle répond-elle vraiment au besoin profond d’un développement qui irrigue l’ensemble du territoire ?

N’y a-t-il pas un risque de voir les mêmes déséquilibres perdurer, concentrant toujours les pouvoirs et les ressources dans la province de l’Estuaire ? L’histoire récente du Gabon est éloquente : malgré des présidents et des ministres issus des provinces de l’intérieur du Gabon, leurs régions d’origine n’ont jamais connu l’essor escompté.

« Libreville 2 », aussi ambitieux soit-il, risque de ne pas offrir cette rupture symbolique et cet appel d’air économique tant nécessaire aux régions laissées en marge.

Le Cœur du Gabon Appelle : Lambaréné et Booué, Deux Étoiles d’un Nouvel Horizon

Tournons notre regard vers l’intérieur du pays, là où deux villes se distinguent par leur potentiel à incarner ce renouveau :

— Lambaréné (Moyen-Ogooué) :

L’Âme Historique au Centre du Jeu. Plus qu’une simple ville, Lambaréné est un symbole, internationale, un lieu chargé d’histoire et de l’esprit humaniste d’Albert Schweitzer. Sa position centrale, baignée par le fleuve Ogooué, en fait un point de convergence naturel, un lieu idéal pour une capitale qui mettrait l’accent sur la durabilité et la connexion entre les Gabonais.

— Booué (Ogooué-Ivindo) :

La Promesse d’un Intérieur Dynamique. Carrefour stratégique au cœur d’une région riche en ressources naturelles, Booué vibre d’un potentiel économique encore largement inexploité. Y ériger la nouvelle capitale serait un signal fort de la volonté de dynamiser l’intérieur, de créer des emplois, des poles economiques et de moderniser les infrastructures dans une zone clé pour l’avenir du pays.

Un Investissement Audacieux, une Réussite à Portée de Main

Le Gabon, avec ses richesses naturelles et une économie en croissance, a les cartes en main pour financer cette ambition transformatrice.

Si l’investissement initial est substantiel, il doit être perçu comme une stratégie à long terme, un pari sur l’avenir d’un Gabon plus équilibré et prospère. Une gestion rigoureuse des revenus des ressources naturelles, combinée à des partenariats public-privé intelligents, peut rendre ce projet non seulement réalisable, mais aussi extrêmement rentable en termes de développement national. Imaginez l’attrait d’une capitale moderne, planifiée, érigée au cœur du pays, attirant les investissements étrangers et rayonnant sur toutes les provinces. Le choix de Lambaréné ou de Booué serait un message puissant : le Gabon choisit l’unité, l’équilibre et un avenir où chaque région a sa place et son importance.

L’heure est historique. La Cinquième République offre un terreau fertile pour des réformes audacieuses. Déplacer la capitale n’est pas un simple projet de construction ; c’est un acte fondateur, une chance unique de bâtir un Gabon nouveau, plus juste et plus uni. En s’inspirant des succès d’autres nations et en misant sur son propre potentiel, le Gabon peut faire de ce rêve une réalité. Choisir Lambaréné ou Booué, c’est choisir l’avenir, c’est choisir un Gabon qui ose se réinventer pour le bien de tous ses enfants. C’est un pari audacieux, certes, mais un pari sur la réussite d’une nation digne qui a tout pour gagner dans l’honneur.

Georges ADIAHENOT, un citoyen engagé

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