Je suis inquiet. Inquiet parce que malheureusement comme en 2009, certains cherchent à réécrire l’histoire d’un pays dirigé successivement depuis 1960 par plusieurs générations de compatriotes. Ces hommes et femmes, quoiqu’on dise ont fait de leur mieux afin que « le Gabon immortel reste digne d’envie. »
Tout n’a pas été parfait au regard de l’immensité des richesses déversées sur le sol et sous-sol gabonais par Celui qui pourvoit à tous nos besoins. C’est vrai. Mais tout n’est pas aussi si sombre non plus, car le Gabon est tout sauf un enfer sur terre. Pas besoin de parcourir le monde en jet privé pour s’en rendre compte. Au-delà de nos attentes légitimes face à l’opulence d’un groupuscule, il faut rendre grâce au Créateur en toute circonstance pour ce que nous avons.
Le Gabon est tout sauf le dernier « de la classe. »
Au contraire, pour reprendre l’immortel Pierre Claver ZENG, le Gabon est un « eldorado », c’est « afock bidzi », c’est-à-dire le grenier pour de nombreux peuples d’Afrique et d’ailleurs.
J’ai suivi en direct avec beaucoup de fierté l’inauguration le samedi 16 août 2025 du siège de Gabon 24, par le Président de la République, Chef de l’Etat, Chef du Gouvernement, Brice Clotaire OLIGUI NGUEMA.
Un bâtiment moderne et futuriste construit en quelques mois seulement sur un site qui ternissait un peu plus l’image déjà pas très reluisante de notre capitale, Libreville.
Jusque là, tout va bien. Et, il faut donc saluer l’érection de cet édifice qui contribue à moderniser l’image de notre capitale, à côté d’un autre joyau architectural abritant les services de la Direction Générale de la Comptabilité Publique et du Trésor.
Cependant, je suis au regret de constater, comme de nombreux compatriotes que certains cherchent à réécrire mensongèrement l’histoire d’un pays qui compte encore des personnes lucides, patriotes et non attachées aux biens éphémères de ce monde parfois acquis par des contorsions opportunistes et un kounabélisme nauséabond.
Oui, tout le monde ne doit pas se taire de peur d’être privé de « éfù nfem »(le morceau de pain).
C’est assez surprenant: Église (et c’est dommage !), intellectuels et Société civile, tout le monde dans la sauce, en mode « amen, amen. » Non. Le Chef que nous avons tous choisi le 12 avril ne nous l’a pas demandé. J’en doute fort. Il a besoin d’être accompagné en vérité et en toute transparence dans la construction de « l’édifice nouveau auquel tous nous rêvons » d’autant plus que Sa Vision est partagée à plus de 90% et qu’il reste le Président des 100 % de ses compatriotes.
Pour éviter que les mêmes erreurs du passé (2009-2023) qui ont consisté à renier l’existence d’un héritage avant la seconde tranche de l’année 2009, ne produisent les mêmes effets, certains, même au nombre de dix devront alors rester éveillés, tels les dix justes énoncés dans le livre de la Genèse au chapitre 18, verset 32 : « l’Éternel dit: Je ne la détruirai point, à cause de ces dix justes. »
Gabon 24, c’est une histoire et des Hommes, des pionniers, des bâtisseurs. Ce projet a été porté par des Hommes épris d’Amour pour leur pays, et animés par l’ambition de voir notre paysage audiovisuel se moderniser en l’arrimant aux standards internationaux. Des hommes et des femmes qui ont pour beaucoup travaillé sans rien attendre en retour, avec pour seul moteur leur amour pour le Gabon, notre Très Cher Pays. Et ce sont ces Hommes qui auraient dû être prioritairement honorés le samedi dernier lors de l’inauguration susmentionnée, en lieu et place de parfaits inconnus dont quelques-uns ont, peut-être, plus tard, contribué, du fait de la continuité du service public, à la poursuite dudit projet.
Au départ, il s’agissait de la création d’une chaîne généraliste et de deux chaînes thématiques. L’histoire de ces dix dernières années à la Communication au Gabon est, il faut le dire, attachée résolument à certains Hommes dont le Ministre de tutelle de 2015 à 2018, Monsieur Alain-Claude BILIE-BY-NZE, pour ne pas le citer.
Ce compatriote, qu’on l’aime ou pas, qu’on le veuille ou non, est une machine. C’est un monstre du travail. Et comme le dit Longuè Longuè « Témoignez-moi quand je suis en vie. N’attendez pas le jour de ma mort… »
Avec ses plus proches collaborateurs, il « était prêt à pactiser avec le diable » pour que ce projet voit le jour. Hélas! Toutes ces personnes ont été snobées lors de cette inauguration au profit des « ouvriers de la dernière heure ». Leur contribution ne compte-t-elle pas à l’heure de l’inclusivité si fortement clamée ? Masili sili(je m’interroge seulement)…
De la gestion des ressources humaines à la gestion matérielle en passant par la gestion financière, de nombreux compatriotes ont perdu le sommeil pendant des semaines voire des mois pour faire de Gabon 24 une réalité. Cela doit être dit et su. N’en déplaise aux « perfides trompeurs », spécialisés dans l’art de la mue et des ablations.
C’est aussi ça la République, c’est-à-dire une gestion éloignée des émotions et de la stigmatisation à des fins personnelles et politiciennes. L’intérêt général et notre Histoire commune doivent être au-dessus de nos petites personnes très souvent tournées vers l’instantané et cette variante du kounabélisme qui fracture notre vivre-ensemble.
C’est comme lorsque je vois certains s’agiter autour de la chaîne « Africa n° 1 ». C’est un mélange de rires et de pleurs car c’est quasiment une utopie: Africa n° 1 des années glorieuses 70, 80 ou 90 ne pourrait lus exister à l’ère du numérique…
Aucun responsable susmentionné ne dormait car l’autorité ministérielle tenait à l’aboutissement de ce projet dans les délais qu’il s’était fixés. C’est ainsi que de nombreuses réunions ont eu lieu à son cabinet sis à l’époque à l’actuelle vice-présidence de la République.
Avec pour première décision d’affectation les diplômés des écoles de communication assis à la maison du fait de la mesure de gel des recrutements dans la Fonction publique.
Ces jeunes compatriotes, tous frais émoulus qui voulaient juste servir leur pays ont donc tous pris part à la création de Gabon 24. Un hommage doit leur être rendu.
Dans la parole des talents, Matthieu 20, 1-16, le Maître de la vigne rétribue équitablement ses biens. Ainsi, les ouvriers de la première heure reçoivent leur salaire tout comme ceux de la dernière heure.
Par conséquent, et pour coller véritablement au dernier discours du Chef dans lequel il insiste sur la compétence et le mérite comme seuls critères de promotion et de reconnaissance, ce ne serait que justice et vérité d’honorer avec « honneur et fidélité à la patrie », tous ceux et celles qui ont œuvré à la naissance, en pensées et en actes de Gabon 24.
Une pensée particulière pour feu Mathieu KOUMBA, ancien Directeur Général de Gabon Télévisions de l’époque puisque Gabon 24, à sa création était une entité de ce Groupe.
Ce compatriote d’une humilité sans pareille, à chaque fois qu’il sortait du bureau du Ministre de la communication s’arrêtait toujours dans mon petit bureau où je faisais mon petit métier. Il me disait: « Mon petit frère, Alain Claude est mon cadet mais c’est lui le chef. Dès qu’il me donne des instructions, je dois m’exécuter par tous les moyens. »
Quelle belle leçon d’éthique et de déontologie dans une administration publique où les « fils de »(au propre comme au figuré) bafouent l’autorité de la hiérarchie sans être inquiétés.
Il faut dire que l’autorité ministérielle ne lui faisait pas de cadeau… D’ailleurs, à qui faisait-il de cadeau, ce Ministre? Très courtois, respectueux et attentif certes, mais excessivement rigoureux car il n’aimait ni l’échec ni le travail mal fait. Je fais exprès de parler au passé de ce Grand Commis de l’Etat pour éviter toute confusion, l’émotion étant nègre. J’insiste en disant que je parle du Ministre de la Communication de 2015 à 2018 et non de l’homme politique national devenu.
A Gabon 24, feu Mathieu KOUMBA mérite de voir son nom gravé devant un studio ou même l’auditorium, et ses ayants-droit devraient recevoir une médaille de reconnaissance au moment favorable, tout comme les pionniers qui sont encore vivants et dont la liste est connue.
Le Président de la République, Chef de l’Etat, Chef du Gouvernement est un Bâtisseur. Il l’a prouvé durant la transition. Et depuis sa prestation de serment en qualité d’élu du peuple Gabonais, il est sur le terrain. Que dis-je ? Il vit sur le terrain. Il veut en découdre avec la pauvreté et les infrastructures Moyenâgeuses dont nos routes. Il est surtout le bâtisseur d’un tissu social et d’un vivre-ensemble solidaire, fraternel et inclusif pour que chaque Gabonais, où qu’il se trouve soit « à l’abri de la peur et du besoin ».
Chaque Gabonais doit impérativement se tenir debout à ses côtés afin que la transformation du Gabon soit une réalité. Cela passe par l’Unité, l’Amour, l’inclusivité, la discipline et un devoir de mémoire incontesté. Car comme le disait Winston Churchill « Tout peuple qui oublie son passé est condamné à le revivre. »
Bertin Wilfried MEBA, Administrateur de Santé, diplômé de l’ENA, Certifié en Administration publique et Management (MDI-Singapour 2014-2015). Ancien Directeur Central des Ressources Humaines du Ministère de la Communication, de novembre 2015 à janvier 2024 (24, comme Gabon 24).

