C’est avec une profonde consternation que nous observons l’inaction progressive des autorités face à l’expansion inquiétante du commerce illicite de médicaments au marché de Nkembo, situé dans le 2ᵉ arrondissement de Libreville. Jadis espace d’échange et de vie, ce lieu est devenu aujourd’hui un foyer alarmant de distribution de produits pharmaceutiques contrefaits, abortifs et aphrodisiaques.
Malgré les efforts passés, notamment une opération conjointe de la Police judiciaire et d’Interpol ayant permis l’arrestation de plusieurs individus impliqués dans un vaste réseau criminel, ces pratiques persistent de manière préoccupante. Le relâchement des opérations de contrôle et le manque de suivi rigoureux ouvrent la voie à un véritable désastre sanitaire.
Au cœur du marché, des pilules abortives sont proposées clandestinement, sans ordonnance ni encadrement médical, pour des sommes variant entre 20 000 et 50 000 FCFA. Ces substances, souvent génériques ou contrefaites, exposent les femmes à des risques graves : hémorragies, infections, atteintes rénales, voire décès.
Dans le même chaos, des aphrodisiaques puissants comme le « Lion Rouge », le « Rouge », ou encore des dérivés du Viagra sont écoulés à la descente de véhicules de transport clandestin. Ces produits, pourtant réservés à une prescription médicale rigoureuse, sont proposés sans aucun filtre. Leur usage abusif entraîne des conséquences dramatiques : maux de tête, troubles cardiovasculaires, baisse brutale de la pression artérielle, voire crises cardiaques.
Cette prolifération de médicaments falsifiés – antidouleurs, tranquillisants, stimulants sexuels – sans contrôle de qualité, constitue une atteinte directe à la santé publique. La banalisation de l’automédication, encouragée par cette économie informelle, expose une population souvent vulnérable à des complications médicales irréversibles.
Il est temps d’agir. Les pouvoirs publics doivent impérativement :
– Renforcer les opérations de contrôle et de répression ;
– Réguler strictement le marché pharmaceutique ;
– Améliorer l’accès aux soins légitimes ;
– Mener des campagnes de sensibilisation sur les dangers de l’automédication et des faux médicaments.
La santé ne peut être laissée à la merci des trafiquants. Le marché de Nkembo, devenu une zone de non-droit sanitaire, appelle à une réponse urgente, ferme et durable.
BEKA MEBALE Theyd-Eddy NelsonPhilosophe – Libreville bekamebalet@gmail.com

