« La rentrée scolaire au Gabon : Une cinquième République aux vieilles habitudes » par Mr Yann

Chaque année, la rentrée scolaire au Gabon est l’occasion de mesurer l’écart abyssal entre les discours officiels et la réalité vécue par des milliers d’élèves et de parents. Cette année encore, malgré les promesses de la Cinquième République d’Oligui Nguema, censée incarner le renouveau et l’excellence, les mêmes difficultés structurelles persistent, révélant une continuité troublante avec les régimes précédents.

Dans les années 1980, alors que je suivais moi-même ma scolarité primaire, les classes comptaient déjà entre 80 et 100 élèves. Cette pléthore était dénoncée à l’époque comme un frein à l’éducation de qualité. Pourtant, quatre décennies plus tard, la situation non seulement perdure, mais elle s’est aggravée : désormais, des enfants sont contraints de s’asseoir à même le sol, faute de tables et de bancs. Un spectacle indigne d’un pays qui se proclame engagé dans la voie de l’excellence éducative.

Comment expliquer que, dans un État où des milliards sont engloutis dans la construction d’édifices administratifs et de monuments symboliques, les salles de classe restent délabrées, surchargées et mal équipées ? Cette contradiction interroge sur les véritables priorités de ceux qui dirigent. L’éducation, pilier de toute nation aspirant au développement, semble reléguée au second plan, sacrifiée sur l’autel d’investissements prestigieux mais improductifs pour les générations futures.

La Cinquième République, en promettant un « nouveau départ », avait suscité l’espoir de réformes profondes. Mais à la lumière de cette rentrée scolaire, elle peine à se démarquer de ses devancières. Le changement annoncé ressemble davantage à une continuité mal dissimulée. Les enfants du Gabon, censés être l’élite de demain, continuent d’apprendre dans des conditions indignes, ce qui hypothèque à long terme leur épanouissement et, par ricochet, l’avenir du pays.

La rentrée scolaire 2025 devrait donc être un électrochoc. Elle met en lumière l’urgence d’un sursaut collectif : faire de l’école une priorité nationale, allouer les ressources nécessaires à la construction et à l’équipement des établissements, réduire les effectifs par classe, recruter et former davantage d’enseignants. À défaut, le pays court le risque de reproduire indéfiniment un cycle de promesses trahies et de générations sacrifiées.

La Cinquième République sera-t-elle celle du changement véritable, ou restera-t-elle prisonnière des travers des précédentes ? Les faits, pour l’instant, donnent une réponse inquiétante.

Mr Yann…Poète-Philosophe-Activiste…

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