Le contraste est saisissant. Le 12 avril dernier, l’élection présidentielle a opposé huit (8) candidats sans provoquer ni passions excessives ni contestations majeures. Quelques mois plus tard, les législatives et locales du 27 septembre, avec plus de 1 600 candidats pour 145 postes de députés et près de 3 000 prétendants aux mairies et aux présidences départementales, plongent la scène politique dans la fièvre et la contestation.
La question se pose : faut-il incriminer le pouvoir et accuser le Chef de l’État et son ministre de l’Intérieur d’une organisation défaillante, ou pointer du doigt les compétiteurs qui refusent de se soumettre au processus démocratique ?
En vérité, la responsabilité semble partagée. L’État, garant de la transparence et de la crédibilité des scrutins, doit veiller à éviter toute faille susceptible d’alimenter les soupçons. Mais les candidats, souvent animés par l’obsession de l’emporter coûte que coûte, doivent eux aussi accepter la discipline démocratique et respecter les voies légales de recours. On ne bâtit pas une démocratie par la dénonciation permanente ni par la remise en cause systématique des institutions.
Pour apaiser la situation, plusieurs pistes s’imposent. La première est la transparence totale : rendre publics les résultats par bureau de vote afin que chaque citoyen puisse vérifier la sincérité du scrutin. La seconde est de redonner toute sa place aux juridictions électorales, seules compétentes pour trancher les contentieux. Enfin, il faut ouvrir un dialogue national post-électoral afin d’identifier, avec les partis et la société civile, les failles à corriger.
Au Président de la République revient désormais un rôle d’arbitre impartial. Son devoir n’est pas d’entrer dans l’arène des querelles partisanes, mais de rappeler que la justice électorale est le seul chemin de la vérité des urnes. Plus encore, il lui appartient de transformer cette crise en opportunité, en lançant une réforme ambitieuse de notre système électoral pour renforcer la confiance et garantir à l’avenir des compétitions apaisées.
La démocratie gabonaise n’est pas en recul ; elle traverse une épreuve de maturité. Aux acteurs politiques de montrer qu’ils sont capables de respecter les règles du jeu, et au Chef de l’État de consolider les fondations d’une gouvernance où la vérité des urnes ne souffre d’aucun doute.

