Loi de Finances 2026 : Entre promesses et réalités

Un budget très ambitieux qui tranche avec la morosité de la conjoncture mondiale, la première Assemblée Nationale de la Vè République au tournant du pragmatisme.

Le budget est l’instrument de pilotage et de maîtrise des finances publiques. C’est l’outil crucial par excellence qui permet d’atteindre les objectifs de développement du pays.

C’est dans ce cadre que le projet de Loi des finances 2026 a été élaboré pour restaurer la dignité et la fierté du gabonais, redonner une nouvelle image au pays, entre autres ambitions.

Les nouvelles autorités qui se veulent réformatrices proposent un projet de budget qui se veut moderne et aligné sur les priorités nationales dans une logique de transparence, de justice sociale et d’efficacité économique.

Élaborée dans un contexte de persistance de conflits géopolitiques persistant, notamment avec la crise mobilière en Chine, de recul des cours de l’or noir, du reflux de l’inflation et de l’intérêt relativement bas, le projet de Loi des finances 2026, atteint un chiffre record, jamais égalé de Sept mille Deux-cents, trente-trois milliards, Trois-cents millions (7.233.300.000.000) de francs CFA.

Un projet de budget très ambitieux qui laisse sceptique, l’observateur lucide qui s’interroge sur sa matérialisation au vu du contexte, de l’histoire et des hypothèses qui ont participé à son élaboration.

En l’absence, d’une découverte majeure comme ce fut le cas de Rabi kounga, il y a quelques années en arrière, de renchérissement des cours de nos matières premières, de l’accroissement de notre production, et d’une diversification affirmée de l’économie du pays, le projet de Loi des finances attendu sur la table des députés me paraît insoutenable et n’incite pas à l’optimisme.

Notre scepticisme est d’autant plus renforcé avec la lecture des indicateurs économiques sur l’exécution du budget de l’année 2024, arrêté en équilibre, en recettes et en dépenses, à Quatre mille, Quatre-cents, Quatre-vingt, Treize milliards (4.493.000.000.000) de francs CFA.

En effet sur Mille, Cinq-Cents, vingt- trois, milliards (1.523.000.000.000) de francs CFA attendus au titre des recettes, seuls Mille, Trois-cents onze milliards, Quatre-cents millions (1.311.400.000.000) de francs CFA ont été effectivement collectés, soit un gap de Deux-cents, Vingt-un millions, Six-cents mille (221.600.000) francs CFA qui paraissent dérisoires certes, mais qui démontre la difficulté à collecter l’ensemble des ressources projetées dans un exercice budgétaire.

Comment le pays qui entend affirmer son indépendance économique, compte concilier cet impératif avec sa dépendance prononcée pour le financement de son budget d’investissements qui s’élève à l’importante somme de Trois-Mille, Deux-cents, treize milliards, Trois-cents millions (3.213.300.000.000) de francs CFA par le recours aux emprunts extérieurs.

Avec un budget qui fait la part belle au fonctionnement qui absorbe la presque totalité des ressources propres, comment le grand entend-t-il gagner le pari du développement dont l’investissement dépend en totalité du marché de l’emprunt ?

Par quel artifice le gouvernement entend-t-il mobiliser les Trois-Mille, Deux-cents treize milliards, Trois-cents millions (3.213.300.000.000) de francs CFA destinés à l’investissement, alors que le précédent crée le remboursement anticipé d’un euro bond qui a défrayé la chronique et entraîné la COBAC à rendre plus les conditions d’emprunt du pays dans la sous-région, commande la prudence et appelle à la tempérance.

Il est bien admis que la relance de l’économie par les grands travaux a un effet d’entraînement assez conséquent sur la consommation, mais pour qui souhaite l’appliquer à son économie, il faudra commencer par trouver les fonds nécessaires pour investir massivement dans ces grands travaux projetés dans la Loi des finances de 2026.

Dans l’histoire du pays, je ne me souviens pas d’un budget d’investissement fondé exclusivement sur le FINEX, couvert à 100%, sauf à se voir rafraîchir la mémoire par les praticiens des questions budgétaires.

Conscient du fait que la crédibilité d’un pays sur le marché de l’emprunt dépend, outre de sa stabilité et de la solidité de ses institutions, mais de sa capacité à organiser des élections crédibles, je demeure mesurer quant à la capacité du gouvernement à mobiliser n’offusque que la moitié des ressources projetées pour soutenir son investissement, au vu du désordre électoral observé lors des derniers scrutins couplés.

Comment le gouvernement entend-t-il restaurer la dignité et la fierté du gabonais déjà suffisamment précarisé, mais auquel des efforts considérables seront demandés pour financer, une partie assez importante du budget de 2026 où sur des recettes brutes attendues de Quatre-mille, Trois-cents, Vingt-sept milliards, Deux-cents millions (4.327.200.000.000) de francs CFA, Mille, Cinq-Cents, Quarante-un milliards (1.547.000.000.000) de francs CFA proviendront des recettes fiscales intérieures.

Bien que l’urgence du moment commande la prise des mesures courageuse et ambitieuse, le projet des Lois des finances attendu sur la table des députés de la Vè République, appelle à l’esprit patriotique débarrassé d’élans partisans pour donner au pays un budget qui allie pragmatisme et ambitions pour éviter de bâtir sur du sable.

Il faudra éviter au cours de l’exercice budgétaire, l’établissement d’un collectif budgétaire en baisse qui viendrait doucher les espoirs d’un essor vers la félicité attendu par tout un peuple.

Il reste à espérer que les députés qui ont usé de tous les moyens y compris les plus illégaux pour s’arracher au forceps un ticket pour le Palais Léon MBA, soient à la hauteur du dessein qu’ils se sont donner pour proposer au gouvernement, un budget soutenable à la hauteur des ambitions du pays.

Hermann DITSOGA, observateur lucide de la vie politique

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