« Mettez 11 imbéciles d’un côté, 10 philosophes de l’autre. Les imbéciles l’emporteront. C’est ça la démocratie » dixit Jacques Brel

La démocratie est définie comme le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple. Elle repose sur un principe fondamental : la majorité l’emporte. Cependant, ce mécanisme n’est pas exempt de critiques. Jacques Brel, dans une formule provocatrice, affirme que si l’on oppose une majorité d’« imbéciles » à une minorité de « philosophes », ce sont les premiers qui triompheront, car c’est cela la démocratie.

Cette citation interroge la tension entre quantité et qualité, entre volonté populaire et compétence intellectuelle. Dans quelle mesure cette affirmation reflète-t-elle les limites de la démocratie et quelles leçons pouvons-nous en tirer ?

1. La démocratie : une victoire du nombre

La démocratie fonctionne selon le principe du suffrage : chaque voix compte de manière égale. Peu importe le niveau intellectuel ou moral des citoyens : un vote éclairé a le même poids qu’un vote manipulé ou irréfléchi.

Ainsi, la majorité numérique décide de l’orientation de la société, même si elle n’incarne pas nécessairement la sagesse ou la vérité. Exemple : des élections remportées par des leaders populistes, qui séduisent les masses plus par des slogans que par des programmes réfléchis.

2. Les limites et dangers de ce système

La citation de Brel rejoint une critique ancienne : Platon dénonçait la démocratie comme « le règne de l’ignorance », préférant le gouvernement des sages (l’aristocratie de l’esprit).

Le risque est celui de la tyrannie de la majorité : une décision prise par la masse peut être injuste, irrationnelle, voire dangereuse.

L’histoire montre que des choix majoritaires ont conduit à des catastrophes (exemple : l’élection démocratique de gouvernements qui ont ensuite instauré des dictatures).

3. Les correctifs et vertus de la démocratie

Malgré ces limites, la démocratie reste le régime le plus égalitaire et participatif : chacun a droit à la parole, et aucune élite ne confisque le pouvoir.

Des mécanismes de correction existent : -éducation civique et politique, pour éclairer le vote ; -contre-pouvoirs institutionnels (Cour Constitutionnelle, séparation des pouvoirs) ; -délibération publique, qui permet de dépasser les simples instincts collectifs.

Comme le disait Churchill : « La démocratie est le pire des régimes, à l’exception de tous les autres. »

Au final, l’assertion de Jacques Brel traduit une critique ironique mais lucide de la démocratie : la vérité ou la sagesse ne triomphe pas toujours, car ce n’est pas elle qui décide, mais le nombre. Toutefois, ce constat ne doit pas mener au rejet de la démocratie, mais à une réflexion sur la manière de l’améliorer : former les citoyens, développer l’esprit critique et renforcer les institutions.

La démocratie ne garantit pas la victoire des philosophes, mais elle reste le système qui donne à chacun une chance d’exprimer sa voix.

Peut-être faut-il concevoir la démocratie non seulement comme le règne de la majorité, mais comme un processus d’apprentissage collectif, où la majorité se rapproche progressivement de la sagesse grâce à l’éducation et au débat.

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