Football/Thierry Mouyouma (Gabon) : « Rendre notre peuple fier est notre moteur »

Le sélectionneur gabonais Thierry Mouyouma aborde la TotalEnergies CAF Coupe d’Afrique des Nations, Maroc 2025 avec confiance et ambition en s’appuiyant sur un staff majoritairement gabonais et une forte identité nationale.

Nommé sélectionneur en octobre 2023, l’ancien défenseur central a rapidement imprimé sa marque sur les Panthères. Capitaine de la sélection au début des années 2000, il connaît le poids du maillot et les exigences des grandes compétitions africaines, ayant participé à la CAN 2000 au Ghana et au Nigeria.

Cette expérience, alliée à sa connaissance intime du football gabonais, lui permet de bâtir un groupe solide et ambitieux. Les résultats suivent : le Gabon s’est qualifié pour la TotalEnergies CAF Coupe d’Afrique des Nations, Maroc 2025 et occupe une place de barragiste pour le Mondial 2026, preuve que sa méthode porte ses fruits.

Pour la TotalEnergies CAF Coupe d’Afrique des Nations, Maroc 2025, l’ambition est claire. Mouyouma veut franchir un cap historique : dépasser les quarts de finale, atteints seulement en 1996 et 2012. Mais son projet va au-delà du sportif. Il souhaite faire de cette équipe un symbole d’unité nationale, capable de fédérer les Gabonais autour d’un objectif commun. Chaque match est pour lui un défi et une occasion de montrer que le Gabon a les armes pour rivaliser avec les meilleures nations africaines.

Entre l’expérience des cadres comme Aubameyang, Bouanga ou Bruno Ecuele Manga, et l’insouciance des jeunes talents, Mouyouma mise sur un équilibre parfait. Sa philosophie est claire : discipline, solidarité et fierté nationale.

À la tête d’une équipe qui aspire à écrire une nouvelle page de son histoire, Thierry Mouyouma incarne la détermination, le professionnalisme et la passion. Pour lui et pour le Gabon, la CAN 2025 n’est pas seulement un tournoi : c’est une chance de se dépasser, de surprendre et de marquer les esprits.

Coach, dans quel état d’esprit abordez-vous cette TotalEnergies CAF Coupe d’Afrique des Nations, Maroc 2025 ?

Nous sommes dans une très bonne disposition, aussi bien mentale que physique. Nos joueurs sont en compétition dans leurs clubs, et si la Coupe d’Afrique des Nations 2025 débutait aujourd’hui, je pense que nous serions prêts sur le plan émotionnel. Il nous reste à peaufiner certains détails, car dans les grandes compétitions, ce sont souvent ces petits ajustements qui font la différence. Nous allons affronter des adversaires de qualité, il faut donc être prêts à tous les niveaux.

Votre groupe F comprend le Cameroun, la Côte d’Ivoire et le Mozambique. Quel regard portez-vous sur cette poule ?

C’est un groupe très intéressant. En Afrique, il n’y a pas de bon ou de mauvais tirage : tout dépend du résultat final. Avec une équipe en progression sur les plans mental, technique, tactique et physique, commencer face au Cameroun est une aubaine. Ce sera un derby d’Afrique centrale. Ensuite, nous affronterons le Mozambique. Mon objectif est de sécuriser la qualification dès la deuxième journée afin de pouvoir faire tourner l’effectif pour le troisième match.

Quels enseignements avez-vous tirés des éliminatoires ?

Les qualifications sont très différentes d’une phase finale. Nous avons disputé six matches en trois mois, avec de longs déplacements, Maroc, Afrique du Sud, Centrafrique… Ce fut exigeant. Après une défaite initiale, il a fallu une très grande organisation et une forte concentration pour rebondir. Se qualifier était essentiel, surtout après notre absence en 2023. La phase finale, avec trois matches rapprochés (les 24, 28 et 31 décembre), demande une autre approche mentale et logistique.

Vous avez choisi de travailler avec un staff majoritairement gabonais. Quelle en est la signification pour vous ?

Je tiens à remercier Pierre-Alain Mounguengui, notre Président de la Fédération Gabonaise de Football pour son courage et sa vision, soutenue par le chef de l’État. Notre staff est composé à 80 % de Gabonais, et nous avons fait appel à quelques experts étrangers pour des postes spécifiques (préparateur des gardiens, kiné-ostéopathe, analyste vidéo…). Mais il était crucial d’assurer un transfert de compétences au niveau local.

Être un staff national implique plus de pression qu’un staff expatrié, car les attentes sont différentes. Mais cela prouve aussi que nous avons, au Gabon, le savoir-faire nécessaire. Nos résultats en témoignent : nous avons les compétences pour réussir sans aller chercher ailleurs ce que nous possédons chez nous.

Pierre-Emerick Aubameyang reste une figure emblématique. Quel rôle joue-t-il aujourd’hui dans votre sélection ?

Il a un rôle fondamental de leader technique. Il demeure l’un de nos capitaines et conserve une motivation exemplaire. À mes yeux, il a été injustement privé d’un Ballon d’Or africain à une époque où ses statistiques parlaient pour lui. Depuis quinze ans, aucun attaquant africain n’a affiché une telle régularité. Marquer quatre buts lors d’un match qualificatif est exceptionnel. Il prouve que l’âge n’est qu’un chiffre. Sa mentalité, son envie et son professionnalisme profitent à tous, joueurs comme staff. Nous avons toujours privilégié le dialogue et aujourd’hui, sa présence est une bénédiction.

Et qu’en est-il des autres cadres comme Denis Bouanga ou Bruno Ecuélé Manga ?

Ils sont essentiels dans la transmission de l’expérience. Avec des joueurs comme Mario Lemina, Aaron Appindangoyé, Kanga Guelor ou Jim Allevinah, ils constituent le noyau dur de l’équipe. Leur influence dépasse le terrain : ils apportent de la rigueur, de la discipline et un modèle de comportement. Ce sont nos « lieutenants », les premiers garants de l’ordre et de l’unité du groupe. Cette reconstruction disciplinaire est une de nos plus grandes réussites.

Vous parlez souvent de « redonner de la fierté au peuple gabonais ». Que cela signifie-t-il pour vous ?

Nous sommes les ambassadeurs de notre nation. L’équipe nationale est le reflet du pays en miniature. Sur le terrain, nous représentons la dignité, le respect et l’unité du peuple gabonais. Nos résultats influencent directement l’humeur de nos compatriotes, et cela nous motive profondément. Le football est une source de joie et de cohésion. Quand les Gabonais se rassemblent autour de leur équipe, cela dépasse le sport : c’est un acte d’unité nationale.

Le Gabon a connu deux quarts de finale à la CAN, en 1996 et 2012. Que retenez-vous de cette histoire ?

La CAN 1996 a marqué un tournant : c’était la première fois que le Gabon atteignait les quarts de finale. Celle de 2012, organisée à domicile, a suscité un immense engouement populaire. Aujourd’hui, notre objectif est clair : dépasser ce cap et briser ce plafond symbolique. En 1996, le sélectionneur, Alain Da Costa Soares était un technicien local, un exemple pour moi. C’est dans cet héritage que nous inscrivons notre démarche.

Pensez-vous que la génération actuelle a les moyens d’aller plus loin que les précédentes ?

Oui. Nous avons un mélange équilibré entre anciens, génération intermédiaire et jeunes prometteurs. L’insouciance des nouveaux peut être un atout majeur. Avec l’expérience des cadres, nous avons les armes pour aller au-delà du premier tour et, pourquoi pas, jusqu’au dernier carré. L’expérience collective que nous avons bâtie sera déterminante.

Enfin, si vous deviez formuler un vœu pour cette TotalEnergies CAF Coupe d’Afrique des Nations, Maroc 2025, quel serait-il ?

J’en formulerais trois :

D’abord, que mes joueurs arrivent en préparation dans les meilleures conditions physiques et mentales, car beaucoup seront encore en compétition avec leurs clubs jusqu’à la mi-décembre.

Ensuite, que le Gabon réalise un grand parcours dans cette CAN. Et enfin, que cette compétition serve à renforcer notre unité nationale. La Coupe d’Afrique des Nations est une véritable mystique pour le Gabon : quand le pays regarde dans la même direction, il devient invincible.

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