Le processus de décentralisation au Gabon franchit une étape décisive. Réuni en Conseil des ministres, le gouvernement a approuvé le projet de décret portant transfert des compétences et des moyens de l’État aux collectivités locales, conformément à la loi n°028/2020 du 24 décembre 2020 et à l’ordonnance n°006/PR/2025 du 27 janvier 2025. Ce texte, longuement attendu, vise à rendre effectif le principe de proximité de l’action publique, en permettant aux communes et conseils départementaux d’assumer pleinement leurs missions.
Inspiré des conclusions de la première réunion de la Commission Nationale de la Décentralisation (CND), tenue les 17 et 18 juin 2025, le projet de décret retient une approche progressive et inclusive. Vingt ministères sont concernés par ce transfert, qui s’étendra à 135 collectivités locales — dont 52 communes, 35 arrondissements et 48 conseils départementaux.
Chaque transfert s’accompagnera d’un volet financier et technique, garantissant que les compétences transférées s’exercent effectivement sur le terrain.« Il ne s’agit pas de déléguer sans moyens, mais de transférer avec des ressources et un cadre clair », a indiqué un membre du gouvernement contacté par Médias241.
Pour soutenir cette nouvelle architecture administrative, le texte crée un Fonds de péréquation des collectivités locales, instrument clé destiné à réduire les disparités entre territoires. Ce fonds sera alimenté par une dotation spéciale équivalente à 10 % des ressources propres du budget de l’État, ainsi que par des contributions issues des fonds de développement minier, forestier, pétrolier et gazier.
La répartition de cette dotation est minutieusement encadrée :* 97 % seront affectés au développement local,* 1,5 % au fonctionnement du Fonds de péréquation,* 1,5 % aux organes de la décentralisation.
Quant à la distribution entre les collectivités, elle se fera selon une clé mixte : 70 % sur une base égalitaire entre les 135 entités, et 30 % en fonction de critères démographiques et géographiques, notamment l’éloignement des zones enclavées.
Au-delà des chiffres, cette réforme questionne la capacité des collectivités à absorber de nouvelles responsabilités. Les défis sont multiples : gestion budgétaire, maîtrise d’ouvrage locale, coordination entre administrations et gouvernance territoriale.
En effet, le gouvernement prévoit des mécanismes de contrôle et d’accompagnement, afin d’éviter les dérives constatées dans d’autres pays africains confrontés à une décentralisation mal encadrée.
L’adoption de ce texte marque un tournant dans la politique d’aménagement du territoire. Le gouvernement affiche ainsi sa volonté de « rapprocher l’État des citoyens », selon les termes du communiqué du Conseil des ministres, en confiant davantage de pouvoir aux élus locaux pour répondre plus efficacement aux besoins des populations.

