« Après le procès, que fait-on ? » Par Mr Yann

Le procès Bongo-Valentin à Libreville, largement médiatisé, a été présenté par le nouveau régime comme un acte de justice historique. Pourtant, derrière les titres et les communiqués officiels, un sentiment de déception persiste : ce procès ressemble davantage à une vitrine qu’à une véritable reddition de comptes. Ceux qui ont été jugés n’ont été que les visages que le pouvoir a choisi de « vendre au peuple », laissant intact le cœur du système de détournement et de complicité financière qui a longtemps gangrené l’État gabonais.

Parmi les noms fréquemment cités dans le débat public, celui de Claude Oyima, patron de BGFIBank, revient régulièrement. Cette institution financière aurait couvert pendant des années les transactions douteuses des deniers publics détournés. De même, d’anciens ministres, anciens premiers ministres et responsables de l’administration gabonaise, qui ont fermé les yeux sur l’hémorragie financière, semblent épargnés par la justice. Leur absence dans le procès pose une question fondamentale : le tribunal a-t-il réellement servi à quelque chose, si seuls quelques boucs émissaires sont sacrifiés ?

Le risque est clair : transformer la justice en spectacle peut donner l’impression d’une rupture avec l’impunité, sans pour autant garantir que les pratiques de corruption ne se reproduiront pas. La perception de la population, elle, ne s’en satisfera pas. Les Gabonais exigent désormais des garanties concrètes.

Ces garanties passent par une transparence totale sur les salaires des ministres, du président et des hauts responsables, y compris primes et bonus. Chaque Gabonais doit savoir comment l’argent public est utilisé, et qui en bénéficie. Sans cette visibilité, même le tribunal le plus médiatisé restera inefficace, et la corruption pourrait reprendre ses droits.

Il est également crucial de renforcer les institutions de contrôle et de soumettre tous les responsables — banquiers, ministres, hauts fonctionnaires — à une reddition de comptes réelle. La participation citoyenne, via les médias libres et les mécanismes de consultation, doit être intégrée pour que la lutte contre la corruption devienne un engagement durable et non une opération de communication.

Le procès Bongo-Valentin est historique, mais il ne suffira pas à lui seul à restaurer la confiance des Gabonais dans leurs institutions. Tant que les véritables architectes de l’impunité et de la malversation restent intouchables, la justice restera une parodie. Pour que ce pays avance, il faut que le peuple soit informé et que la transparence devienne la règle, et non l’exception.


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