« L’évaluation ou l’outil central du débat politique de la Ve République ? » Par Petit-Lambert Ovono

Nous marquons notre retour par un nouveau débat: l’Évaluation ne doit-il pas être l’outil central du débat politique de la 5eme République ?

En effet, depuis la transition de 2023, le Gabon s’est engagé dans une dynamique inédite : structurer l’action publique autour d’un diagnostic national, d’une vision politique et d’objectifs stratégiques clairement formulés dans le projet de société du président Brice Clotaire Oligui Nguema. Ce projet, décliné en six piliers, transformé en Plan national de développement, puis en plan d’action gouvernementalpour la période 2025-2032, avec programmes, actions budgétisées et échéances, marque une étape importante : l’État gabonais accepte désormais d’être jugé, non plus sur les intentions, mais sur des engagements mesurables.

Ce changement n’est pas anodin. Il place la gouvernance dans un cadre où la performance, la transparence et l’obligation de rendre compte deviennent des exigences. Pour la première fois depuis longtemps, un chef de l’État gabonais, son gouvernement, mais aussi l’opposition et les acteurs citoyens se trouvent face à une opportunité rare: l’évaluation doit devenir l’outil central du débat public.

En publiant un plan d’action gouvernemental détaillé, l’exécutif a posé les bases d’un contrat moral avec les Gabonais.

Ce contrat dit en substance :Voici ce que nous avons promis, voilà ce que nous ferons, et à ces dates précises.

Dès lors, la crédibilité du président Oligui Nguema dépendra non seulement de sa capacité à prendre des décisions, mais surtout de sa capacité à livrer les résultats annoncés, à corriger les dérives, et à accepter un regard critique sur son action.

Un tel dispositif crée une obligation nouvelle pour le pouvoir : ne plus gouverner dans le flou, mais dans la cohérence, la continuité, et l’évaluation permanente.L’existence d’un plan d’action chiffré et transparent oblige également l’opposition à sortir d’un discours purement protestataire.

Critiquer ne suffira plus.Pour être crédible, l’opposition devra : * maîtriser les données, * analyser les écarts entre prévisions et réalisations, * proposer des alternatives réalistes et chiffrées, * démontrer comment elle ferait mieux.

C’est une transformationp profonde : l’opposition ne pourra convaincre que si elle maîtrise l’évaluation aum même titre que l’exécutif.

Les activistes et la société civile sont aussi mis devant leur responsabilité.La société civile, les journalistes, les plateformes citoyennes et les activistes jouent un rôle crucial. L’accès à des plans structurés leur donne les moyens de : * suivre les indicateurs, * interpeller les institutions, * contextualiser les progrès, * objectiver les critiques.

Mais cela les oblige aussi à plus de rigueur.Les analyses devront être fondées sur des faits, non sur des émotions.

La crédibilité des voix citoyennes dépendra de leur capacité à : observer, mesurer, vérifier, proposer.

L’activisme devient ainsi un exercice d’expertise, pas seulement d’indignation.

Le jugement des Gabonais : un exercice adulte et éclairé.

Pour les citoyens, l’existence d’un plan d’action gouvernemental avec des objectifs précis est une boussole démocratique.

Ils peuvent désormais juger : * si les promesses sont réalistes, * si les moyens sont mobilisés, * si les résultats sont obtenus.

C’est un pas vers une citoyenneté plus mature, plus informée, plus exigeante.

Oui, c’est bien « à travers un tel exercice » que se jouera la crédibilité : * du président Oligui, s’il prouve qu’il sait gouverner par les résultats ; * de l’opposition, si elle démontre qu’elle peut proposer mieux ; * des activistes et de la société civile, s’ils montrent qu’ils savent évaluer honnêtement ; * des citoyens, s’ils s’approprient les outils de suivi pour demander des comptes.

Le Gabon entre ainsi dans l’ère où la politique cesse d’être une succession de discours et devient un processus mesurable, suivi, évalué.

C’est peut-être la plus grande transformation de ces dernières années.

Et c’est là, précisément, que se joue l’avenir de notre démocratie.

Laisser un commentaire