« La résidence et la menotte » par Mr Yann

L’affaire du ministre gabonais Pascal Ogowé Siffon a relancé un vieux débat : celui d’une justice à deux vitesses.

Le ministre, soupçonné de détournement de fonds publics destinés au secteur du tourisme, n’a pas été placé en prison. Il a été assigné en résidence surveillée, chez lui, avec toutes les garanties et le confort que cela implique.

Pendant ce temps, dans le même pays, des citoyens ordinaires sont menottés, embarqués, exposés publiquement pour des vols parfois dérisoires. Entre la résidence pour le ministre et la menotte pour le petit voleur, le contraste fait mal.

Cette différence de traitement renforce l’idée que, même dans la « Cinquième République » annoncée comme celle de la restauration de la dignité, les privilèges restent bien vivants.

On promet la dignité, oui — mais la dignité de qui ? Des gouvernants ? Ou du peuple dans son ensemble ? Quand un simple citoyen est immédiatement incarcéré et qu’un haut responsable soupçonné de détournement bénéficie d’une mesure plus douce, c’est toute la crédibilité de la justice qui vacille. Et c’est le peuple qui constate, une fois de plus, que l’égalité devant la loi reste un rêve lointain.

La résidence pour les uns, la menotte pour les autres.

Tant que cette différence existera, la dignité promise ne sera qu’un slogan — pas une réalité.

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