Le conseil des ministres du 4 décembre a annoncé l’introduction, à partir de 2026, d’une taxe d’habitation destinée à renforcer les ressources internes de l’État. Cette décision suscite interrogations et inquiétudes. C’est normal. Dans une période où le pouvoir d’achat reste fragile, toute nouvelle contribution semble lourde. Mais il nous faut dépasser l’émotion pour comprendre l’enjeu national qui se joue.
Le Gabon avance. Le gouvernement a engagé, depuis seize mois, des réformes sociales d’une ampleur inédite : hausse du SMIG, régularisation de milliers de situations administratives, gratuité ou réduction du coût de plusieurs services publics, efforts conséquents pour alléger la vie des ménages. Ces mesures ont un coût. Un coût lourd. Et un pays ne peut bâtir son avenir uniquement sur les ressources pétrolières ou sur l’endettement.
Pour financer un budget de développement estimé à 7 000 milliards, l’État doit diversifier ses recettes et redevenir maître de son destin financier. C’est cela, la souveraineté économique. La taxe d’habitation n’est pas une punition : c’est un outil de justice budgétaire, appliqué dans presque tous les pays stables du monde. Elle permettra de financer les écoles, les routes, les hôpitaux, et surtout les programmes sociaux que les Gabonais appellent légitimement de leurs vœux.
Certains redoutent que son recouvrement via la SEEG ne se traduise par une hausse du prix de l’eau et de l’électricité. Le gouvernement doit clarifier ce point, distinguer clairement les montants, et éviter toute confusion. La pédagogie est indispensable. La transparence aussi. Mais il n’y a dans cette démarche aucune intention punitive.
Contrairement à ce que certains commentateurs affirment, ce n’est pas une injustice sociale. L’article 39 de notre Constitution rappelle l’égalité de tous devant l’impôt : cette égalité réside non dans l’uniformité, mais dans la proportionnalité. Ceux qui contribuent davantage à la valeur immobilière du pays participeront un peu plus à son développement. C’est un geste citoyen, un acte patriotique, surtout après les erreurs accumulées par des décennies de mauvaise gouvernance.
Le ministre Henry-Claude OYIMA, souvent attaqué, ne confond pas l’État et l’entreprise. Il tente de rétablir une vérité simple : un pays se gouverne avec justice sociale, mais aussi avec responsabilité budgétaire. Les nations qui gagnent sont celles qui acceptent cette réalité.
La reconstruction du Gabon demande du courage. Elle demande aussi la solidarité de tous. Le chemin sera parfois difficile, mais il mène à un avenir que nous voulons plus stable, plus juste et plus prospère.
La taxe d’habitation n’est pas un fardeau : c’est une pierre posée dans l’édifice que nous bâtissons ensemble.
Pour notre avenir, pour nos enfants, pour la refondation à laquelle nous avons tous droit.

